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à Méthènes.
Le 13 décembre, ce petit corps débarque presque au pied de
l Acropole. Un rayon de lune le signale. La fusillade des Turcs
l accueille. Fabvier crie : « En avant ! » Chaque homme, sans
abandonner son sac de poudre, qui peut le faire sauter d un ins-
tant à l autre, franchit le fossé et pénètre dans la citadelle, dont
les portes sont ouvertes. Les assiégés repoussent victorieuse-
ment les Turcs. Mais Fabvier est blessé, son second est tué,
Henry d Albaret tombe, frappé d une balle. Les réguliers et leurs
chefs étaient maintenant enfermés dans la citadelle avec ceux
qu ils étaient venus secourir si hardiment et qui ne voulaient
plus les en laisser sortir.
Là, le jeune officier, souffrant d une blessure qui fort heu-
reusement n était pas grave, dut partager les misères des assié-
gés, réduits à quelques rations d orge pour toute nourriture. Six
mois se passèrent, avant que la capitulation de l Acropole,
consentie par Kioutagi, lui rendît la liberté. Ce fut seulement le
5 juin 1827 que Fabvier, ses volontaires et les assiégés purent
quitter la citadelle d Athènes et s embarquer sur des navires qui
les transportèrent à Salamine.
Henry d Albaret, très faible encore, ne voulut point
s arrêter dans cette ville et il fit voile pour Corfou. Là, depuis
deux mois, il se refaisait de ses fatigues, en attendant l heure
d aller reprendre son poste au premier rang, lorsque le hasard
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vint donner un nouveau mobile à sa vie, qui n avait été jus-
qu alors que la vie d un soldat.
Il y avait à Corfou, à l extrémité de la Strada Reale, une
vieille maison de peu d apparence, moitié grecque, moitié ita-
lienne d aspect. Dans cette maison demeurait un personnage,
qui se montrait peu, mais dont on parlait beaucoup. C était le
banquier Elizundo. Était-ce un sexagénaire ou un septuagé-
naire, on n aurait pu le dire. Depuis une vingtaine d années, il
habitait cette sombre demeure, dont il ne sortait guère. Mais,
s il n en sortait pas, bien des gens de tous pays et de toute condi-
tion  clients assidus de son comptoir  l y venaient visiter. Très
certainement, il se faisait des affaires considérables dans cette
maison de banque, dont l honorabilité était parfaite. Elizundo
passait, d ailleurs, pour être extrêmement riche. Nul crédit,
dans les îles Ioniennes et jusque chez ses confrères dalmates de
Zara ou de Raguse, n aurait pu rivaliser avec le sien. Une traite,
acceptée par lui, valait de l or. Sans doute, il ne se livrait pas
imprudemment. Il paraissait même très serré en affaires. Les
références, il les lui fallait excellentes, les garanties, il les voulait
complètes ; mais sa caisse semblait inépuisable. Circonstance à
noter, Elizundo faisait presque tout lui-même, n employant
qu un homme de sa maison, dont il sera parlé plus tard, pour
tenir les écritures sans importance. Il était à la fois son propre
caissier et son propre teneur de livres. Pas une traite qui ne fût
libellée, pas une lettre qui n eût été écrite de sa main. Aussi, ja-
mais un commis du dehors ne s était-il assis au bureau du
comptoir. Cela ne contribuait pas peu à assurer le secret de ses
affaires.
Quelle était l origine de ce banquier ? On le disait Illyrien
ou Dalmate ; mais, à cet égard, on ne savait rien de précis. Muet
sur son passé, muet sur son présent, il ne frayait point avec la
société corfiote. Lorsque le groupe avait été placé sous le protec-
torat de la France, son existence était déjà ce qu elle était restée
depuis qu un gouverneur anglais exerçait son autorité sur les
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îles Ioniennes. Sans doute, il ne fallait pas prendre à la lettre ce
qui se disait de sa fortune, que le bruit public chiffrait par cen-
taines de millions ; mais il devait être, il était très riche, bien
que son train fût celui d un homme modeste dans ses besoins et
ses goûts.
Elizundo était veuf, il l était même lorsqu il vint s établir à
Corfou avec une petite fille, alors âgée de deux ans. Maintenant,
cette petite fille, qui se nommait Hadjine, en avait vingt-deux, et
vivait dans cette demeure, toute aux soins du ménage.
Partout, même en ces pays de l Orient, où la beauté des
femmes est incontestée, Hadjine Elizundo eût passé pour re-
marquablement belle, et cela malgré la gravité de sa physiono-
mie un peu triste. Comment en eût-il été autrement dans ce mi-
lieu où s était écoulé son jeune âge, sans une mère pour la gui-
der, sans une compagne avec laquelle elle pût échanger ses
premières pensées de jeune fille ? Hadjine Elizundo était de
taille moyenne mais élégante. Par son origine grecque, qu elle
tenait de sa mère, elle rappelait le type de ces belles jeunes
femmes de Laconie, qui l emportent sur toutes celles du Pélo-
ponnèse.
Entre la fille et le père, l intimité n était pas et ne pouvait
être profonde. Le banquier vivait seul, silencieux, réservé  un
de ces hommes qui détournent le plus souvent la tête et voilent
leurs yeux comme si la lumière les blessait. Peu communicatif,
aussi bien dans sa vie privée que dans sa vie publique, il ne se [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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